28 novembre, début de retraite anticipée



Par un acharnement administratif digne des plus noires années du stalinisme, ma 13ème demande consécutive de report de la limite d'âge de départ à la retraite a été refusée par des fonctionnaires bornés et cauteleux. C'est donc, sauf miracle (que seule la grâce présidentielle peut obtenir), la mort dans l'âme que je devrais en 2020 prendre le chemin de mon potager et subir jour et nuit les remontrances acerbes de mon acariâtre épouse sans avoir la ressource de pouvoir prétendre que je suis au laboratoire.

Je profite nonobstant des derniers rayons du crépuscule d'une carrière dont je laisse aux historiens le soin de faire l'inventaire (bon courage, il y a du pain sur la planche, rassurez-vous en vous disant que pour une fois votre discipline servira réellement l'humanité) pour dispenser encore une poignée de fois mon savoir au cours d'une série de conférences avant que le couperet absurde de la mise à la retraite d'office vienne sortir de l'arène scientifique un des plus grands talents de son ère (du moins d'après mes doctorants). Honte sur vous, messieurs les ronds-de-cuir !

Retrouvons-nous le jeudi 28 novembre dans un nouveau lieu, tout à fait propice à la transmission du Savoir, avant que la grande marche entropique du Temps ne scelle irréversiblement ces moments qui me sont chers (sauf quand des spectateurs au premier rang bavardent ou que l'essuie-mains des loges n'a pas été changé) : pourquoi pas est une locution adverbiale interro-négative mais aussi un lieu d'échanges et de découvertes sis au 97 rue Malbec à Bordeaux. J'y serai, toujours vif et fringant contrairement aux assertions d'une administration veule et pusillanime.




Le professeur van de Burne.